S’enrichir par son travail, surtout si on doit aussi diriger le travail d’autrui, est intolérable.
La gauche le refuse par idéologie marxisante (conçue par des gens qui n’ont jamais lu Marx, premier admirateur de la bourgeoisie). La droite s’y oppose par idéologie religieuse (conçu par des gens qui n’ont jamais lu la Bible, premier admirateur de l’enrichissement, s’il est mis au service des autres).
Gerard Depardieu est donc aussi le nom qu’on peut donner à la tragédie de l’être humain, incapable d’échapper à son enveloppe charnelle. Et qui, malgré tous ses subterfuges, malgré le divertissement de soi et des autres, sait qu’il reste mortel.
Et comme presque tous ceux qui ont cette lucidité-là, il se déteste de se savoir mortel. Et il accélère ce qu’il redoute, pour ne pas avoir à l’attendre.
C’est cela qu’il faut le plus apprendre de Gérard Depardieu. Et c’est de cela qu’il faut le plus se méfier: que la fascination d’un peuple pour un homme, qui le représente si bien, ne le pousse pas à s’autodétruire.