Je la quitte pour partir à la recherche du médecin. Son angoisse et sa confusion ont mis en lumière de façon évidente cette ambivalence humaine que l’on rencontre si souvent, je veux mourir, mais pas aujourd’hui. Je veux pouvoir changer d’avis. J'entends aussi ce sentiment si douloureux d'être une charge pour les gens qu'on aime, sa solitude et sa souffrance de ne pas voir ses enfants... La savoir dans une unité de soins palliatifs me rassure ; ici, la piqure qu’elle recevra sera pour apaiser des douleurs, pour mieux vivre le temps qu'il reste. Et demain sera un autre jour.
Devant un homme diagnostiqué en état de conscience minimale, faire le pari de la présence est un principe de précaution. S’abstenir de discourir de lui devant lui, d’une façon qui pourrait le blesser, c’est le b.a.-ba du respect. Trop de soignants l’oublient. Au retour de certains comas, des patients l’ont révélé, à l’image d’Angèle Lieby (auteur de Une Larme m’a sauvée) qui fut témoin, impuissante, du choix de son cercueil, avant de recouvrer sa capacité de communication.